ÉTRE
JUSTIFIÉ, JUSTIFIER, JUSTIFICATION.
Puisque Paul reconnait une
justice, à la vérité une justice qui vient de Dieu, qui n'est pas acquise par
les œuvres, mais communiquée par lui, n'est-il pas vraisemblable qu'il a
employé un verbe pour exprimer cette situation? C'est la question du sens de δικαιουν,
à l'actif et au passif.
Les verbes en οω ont le sens de
rendre tel que l'indique leur racine. Ainsi dxatow devrait proprement signifier
« rendre juste ». Ce sens ne se trouve pas dans le grec profane, et la raison
en est assez naturelle. Quel que soit le sens de δικαιος, qu'il exprime une disposition
droite à l'égard des autres ou plus généralement une disposition générale à
bien remplir ses devoirs, cette disposition ne s'impose pas du dehors, parce
qu'elle est propre à la personne. On peut employer οσιοω dans le sens de
purifier, mais pourvu qu'il soit question d'une purification exterieure. Chez
les Grecs δικαιοω signifiait donc simplement regarder comme juste, comme
convenable, trouver bon; mais aussi rendre justice a quelqu'un ou le condamner.
Le sens déclaratif large est le plus courant, mais le sens spécial de déclarer juste
par un jugement est assez rare, et le mot se prête à de nom-breuses
combinaisons.
C'est aussi ce qu'on constate
dans le grec de l'A. T., où il traduit des mots hébreux variés et avec des
acceptions différentes. On ne l'a pas suffisamment constate.
. . .
La forme piel est rendue par
l'actif Jer. III, 11; Ez. XVI, 51. 52, dans le sens de se montrer innocent, en
comparaison d'un autre plus coupable (Jer.), ou d'innocenter une autre
personne, à force d'être mauvais soi-même (Ez.). Ce n'est pas le juge qui
prononce l'innocence (relative!) d'une des parties; c'est l'autre partie qui la
fait ressortir. Ce n'est déjà plus le sensus forensis déclaratif, mais
c'est sans utilité pour l'explication de saint Paul. Le piel est rendu par le passif dans Job XXXIII,
32 : « Parle, car je désire te donner raison » de lhebreu, devient: θέλω γάρ δικαιωθήναί σε, « parle, car je veux que tu aies raison ». Traduire comme M. Feine
: « car je voudrais que tu fusses déclaré juste » comme une preuve que les
Septante avaient en vue ordinairement le sensus forensis, c'est donner
trop d'importance à Elihou qui n'est pas le juge officiel de la cause de Job.
Ce qui d'ailleurs nous autorise à
traduire comme nous l'avons fait, c'est le cas très fréquent du passif
signifiant simplement « etre juste », qui est précisément le fait méconnu que
nous voudrions mettre en lumière. C'est, croyons-nous, le cas presque toutes
les fois que δικαιουσθαι- ata traduit le qal hébreu צָדַק dont le sens
incontestable est « être juste ».
. . .
Si Dieu est le sujet du verbe
actif, il va sans dire qu'il ne reconnait ou déclare juste que celui qui l'est
réellement. Nulle part un acquit- tement par grâce n'est exprimé par l'idée de
rendre justice. L'usage des apocryphes comporte les mêmes nuances. Évidemment
saint Paul devait tenir compte de l'usage reçu de son temps, mais on voit
combien cet usage était flottant. Il lui était donc permis de se servir d'un
mot très vague pour exprimer ses idées nouvelles. Et ce serait sans doute une
autre exagération de penser qu'il lui a donné dès le premier emploi un sens
précis, toujours le même. S'il aime les situations franches, il ne répugne pas
non plus à l'emploi des nuances. D'après certains auteurs, on dirait que δικαιουν
à l'actif et au passif doit nécessairement avoir le sens de déclarer juste ou
de rendre juste. Les exégètes catholiques concèdent en général l'emploi des
deux sens. Il pourrait bien y en avoir d'autres. (M.-J. Lagrange, “La Justification D’Après Saint
Paul,” Revue Biblique 11, no. 3 [July 1914 ]: 337, 338, 442-43)
English Translation:
Being justified, to justify,
justification
Since Paul acknowledges a righteousness—truly a
righteousness that comes from God, which is not acquired by works but
communicated by him—is it not likely that he employed a verb to express this
reality? That is the question of the meaning of δικαιουν, in both its active
and passive forms.
Verbs in -οω carry the sense “to make into” whatever
their root denotes. Thus δικαιοω properly means “to make just.” This nuance
does not occur in secular Greek, for a simple reason: whatever the sense of
δικαιος—whether it denotes a right disposition toward others or, more broadly,
a general inclination to fulfill one’s duties—such a disposition cannot be
imposed from without, since it belongs to the person. One can use ὁσιοω in the
sense “to purify,” but only when referring to an external purification. Among
the Greeks, δικαιοω therefore simply meant “to regard as just or fitting,” “to
approve”; but it could also mean “to administer justice to someone” or “to
condemn.” The broad, declarative sense is most common, while the specific sense
of “to pronounce just by a formal judgment” is quite rare, and the word is used
in many compound forms.
The same is observed in the Greek of the Old Testament,
where δικαιοω translates various Hebrew terms with differing senses—a fact that
has not been sufficiently noted.
…
The Piel form of צָדַק is rendered by the active in
Jer. 3:11 and Ezek. 16:51–52, in the sense of “to show oneself innocent in
comparison with another more guilty” (Jer.), or “to vindicate another person by
being wicked oneself” (Ezek.). Here it is not the judge who pronounces the
(relative!) innocence of one party, but the other party who brings it out. This
is no longer a declarative sensus forensis, and it is of no relevance to
Saint Paul’s usage. The Piel appears in the passive in Job 33:32: the Hebrew
“Speak, for I desire to vindicate you” becomes θέλω γάρ δικαιωθήναί σε, “Speak,
for I want you to be vindicated.” To follow M. Feine in translating “for I
would wish that you were declared just,” as though the Septuagint regularly
carried the sensus forensis, places undue weight on Elihu, who is not
Job’s official judge.
What permits us to render it as we have is the very
frequent use of the passive simply meaning “to be just,” which is precisely the
neglected fact we wish to highlight. We believe this is almost always the case
when δικαιούσθαι translates the Hebrew qal צָדַק, whose indisputable meaning is
“to be just.”
…
If God is the subject of the active verb, it goes
without saying that he recognizes or declares just only the one who truly is
just. Nowhere does the notion of acquittal by grace appear under the idea of
“making just.” The usage in the Apocrypha shows the same nuances. Clearly,
Saint Paul had to take into account the contemporary usage of his time, but one
sees how fluid that usage was. He was therefore permitted to employ a rather
vague term to express his novel ideas. It would be another exaggeration to suppose
that he assigned it a precise, fixed meaning from its first use. Though he
favors clear-cut statements, he does not shrink from nuanced expression.
According to some authors, one would think that δικαιουν in both active and
passive must necessarily mean “to declare just” or “to make just.” Catholic
exegetes generally admit the employment of both senses—and perhaps others
besides.
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